Chapeau et tablier gris foncé, arrosoir à la main, Yann Lepage ressemble à n’importe quel jardinier. Mais le seul endroit où il peut être vu avec sa pelle et sa pioche, c’est dans un cimetière et particulièrement à l’approche de la Toussaint. « Mon travail n’est pas triste malgré le fait que je touche à l’univers des pompes funèbres », raconte cet homme de 36 ans, spécialiste de l’entretien et du fleurissement des sépultures.
60% des clients sont franciliens
Été comme automne, il fait le tour des cimetières en fonction des demandes des clients de sa société, En sa mémoire, qu’il a créée avec un associé en 2008. Aujourd’hui, la petite entreprise compte trois autres « jardiniers du souvenir » — « c’est ainsi qu’une famille nous a surnommés au début » — à temps plein dont deux en Ile-de-France. Le coût de la prestation varie selon le nombre d’interventions par an, de 27 à 124 € par mois, frais kilométriques inclus. « 60% de nos clients sont franciliens et nous en avons beaucoup dans les Yvelines, près de 40 familles, précise-t-il. Ces gens font appel à nous car ils ne peuvent pas s’occuper de la sépulture de leur proche, parce qu’ils vivent trop loin ou qu’ils n’en ont plus la force. »
L’idée d’En sa mémoire est d’ailleurs née de cette situation : « Ma grand-mère nous a dit un jour qu’elle ne pouvait plus assumer seule l’entretien de la tombe de mon grand-père. On a essayé plusieurs solutions, des pompes funèbres et des jardiniers sous-traitants, mais le travail était mal fait et trop cher. » A cette période-là, Yann Lepage était justement en quête de sens dans sa vie professionnelle.
Un chiffre d’affaires multiplié par trois
Ancien directeur marketing d’une grande marque alimentaire, ce père de famille a décidé de tout plaquer pour créer sa propre entreprise. En sa mémoire est devenue une affaire florissante qui triple presque son chiffre d’affaires chaque année. « Nous n’avons perdu aucun client depuis notre création, souligne-t-il. Mais c’est parce qu’il y a un vrai besoin. » Déjà présente dans le sud de laFrance et en Rhône-Alpes, l’entreprise va bientôt s’ouvrir vers l’est et le nord. « On finit tous par être confrontés à ce problème, mais comme tout ce qui touche à la mort est tabou, il n’existe pas vraiment de solution pour ça. D’ailleurs, quand une personne nous appelle, elle est soulagée d’avoir enfin trouvé un moyen d’entretenir la sépulture de son proche, la conversation est presque joyeuse. »
Renseignements : 0.810.100.115. contact@en-sa-memoire.be, www. en-sa-memoire.be.